Les idées et l’entrepreneuriat : une relation à clarifier

Entreprendre, est-ce avoir une bonne idée ? Non, mais c’est être capable d’utiliser les idées au service de son projet !

“Je me lancerais bien dans l’entrepreneuriat, mais je n’ai pas d’idée…”. Nous entendons très souvent cette phrase chez de nombreux salariés. Est-ce que vous aussi, vous cherchez l’idée du siècle pour lancer votre start-up ? Ou celle qui vous permettra de relancer votre business ? Lorsqu’on parle d’entrepreneuriat, l’idée originelle, l’intuition de départ est souvent mise en avant. Pourtant, les théories de l’effectuation, du lean startup ou encore du design thinking tendent à minimiser son importance au profit de l’exécution. Une idée peut être bonne sur le papier, mais sans une exécution appropriée, elle ne mènera nulle part. Ce n’est qu’a posteriori qu’on peut évaluer la pertinence d’une idée. Et pourtant, nous sommes convaincus que LES idées sont clés pour tout entrepreneur. Alors, quelle est la place des idées dans l’entrepreneuriat ?

Au démarrage : l’idée certes...l’intention surtout

Oubliez cette croyance selon laquelle une startup, une aventure entrepreneuriale, c‘est d’abord une idée de génie : de nombreux business, comme Criteo (qui a commencé comme site de recommandation de films, avant de devenir un géant de la publicité en ligne), ont démarré avec une idée, puis en ont changé avant de devenir ce qu’ils sont aujourd’hui. Quand on se lance, ou qu’on accompagne des porteurs de projets à ce moment clé, il s’agit moins d’évaluer l’idée (s’il s’agit d’innovation, on n’en sait rien !) que de questionner l’intention. Au lieu de se concentrer sur le QUOI, il est donc essentiel de sonder l’entrepreneur sur les raisons du POUR QUOI. Il s’agit de se focaliser sur les enjeux du porteur (quelles sont ses motivations, ses ambitions, son rythme idéal…) et les problèmes qu’il souhaite résoudre (son impact souhaité, sa première cible, le pain point identifié) pour ensuite proposer des solutions innovantes. L’idée initiale va forcément changer, ce qui compte, c’est de formuler son intention pour bien piloter son projet !

Au royaume des idées, le pitch est roi

Une fois qu’on est lancé, une des actions les plus répétitives et importantes qu’on va avoir à faire, va être de pitcher son projet. Ici, l’idée, si elle compte, doit être mise au service d’une histoire. En effet, pour embarquer des partenaires, des investisseurs ou des clients, il faut pouvoir captiver l’attention, convaincre et être mémorable. Il s’agit donc de faire un travail sur la forme. Plusieurs pistes sont possibles. Il est par exemple nécessaire, souvent, de simplifier son message. Pour ce faire, une bonne méthode consiste à utiliser des analogies (ainsi, le film Speed avec Keanu Reeves a été présenté comme Die Hard dans un bus !). Donner du sens et raconter pourquoi on fait cela aide aussi, par exemple en racontant une anecdote personnelle (les fondateurs d’AirBnB qui ont effectivement hébergé des gens chez eux). Être entrepreneur nécessite d’être bon dans l’art de raconter des histoires.

Tomber amoureux de son idée c’est condamner son projet

On dit souvent qu’il ne faut pas mélanger le pro et le perso… c’est aussi vrai avec son idée ! Comme le dit Steve Blank, l’inventeur du lean startup, il ne faut surtout pas s’accrocher à son intuition de départ, mais plutôt entretenir un rapport distant avec celle-ci. En clair : il ne faut pas tomber amoureux de son idée ! En effet, l’idée peut évoluer, se transformer, voire même être abandonnée pour en trouver une autre plus efficace. Il est donc important de considérer les choses de manière dynamique, en acceptant les feedbacks et en étant capable de changer de direction si nécessaire. Pour qu’un projet d’innovation avance, il faut à la fois y mettre du cœur, mais aussi, parfois, chercher à le tuer !

Le super-pouvoir de l’entrepreneur : la créativité !

Enfin, la créativité est un élément essentiel dans l’entrepreneuriat. La meilleure façon de produire une bonne idée… c’est de choisir parmi beaucoup d’idées ! Or, notre cerveau ne sait pas à la fois produire des idées et les juger. Lors de la phase de sélection, il s’agit de choisir la meilleure idée en fonction de critères objectifs, tels que la désirabilité, la faisabilité, ou encore la viabilité à long terme.

Conclusion : entreprendre, ce n’est pas avoir une idée, c’est utiliser plein d’idées

Entreprendre, ce n’est pas avoir UNE idée ! Entreprendre, c’est avoir un rapport très concret avec LES idées, pas celles qui flottent abstraitement dans le ciel, mais celles qu’on utilise : intention pour bien s’orienter au départ, pitch pour embarquer, itération pour faire avancer son projet et créativité pour résoudre les problèmes rencontrés.

A propos de l'auteur

Christina Hassen est associée, accompagnatrice de projet, consultante et facilitatrice chez EPIGO. Elle accompagne les startups et les équipes d’intrapreneurs dans l’élaboration de leur business model. Elle intervient dans différentes écoles et universités sur l’enseignement des démarches entrepreneuriales et l’utilisation de son profil pour entreprendre. Elle enseigne notamment pour le Certificat d’accompagnateur de startups et de projets d’intrapreneuriat pour Dauphine Executive Education, le service de formation continue de l’Université Paris Dauphine-PSL.


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