Sébastien Duizabo - 18 ans d’engagement au service de la formation continue
J’ai occupé pendant près de dix-huit ans la fonction de directeur de l’Executive Education à l’Université Paris Dauphine - PSL. Si je suis resté aussi longtemps à ce poste, c’est parce qu’il offrait cette rare alchimie : être au carrefour de projets multiples, collaborer avec des enseignants passionnés, curieux de transmettre leurs recherches et leurs expériences, et accompagner le développement d’une équipe de 55 profils, tous aussi engagés qu’attachants. À travers ce billet, je vous propose de partager 18 souvenirs – 18 instants, parfois drôles, parfois marquants – pour évoquer tout autant 18 constats. Car s’il est une chose qui ne change pas dans nos organisations, c’est bien le fait que tout change.
1. Je me souviens de l’époque où le FONGECIF était un formidable levier de financement pour les professionnels en quête de diplômes. Son absence aujourd’hui laisse un vrai vide.
2. Je me souviens de cette période étrange du COVID : les pics d’angoisse, les réunions Teams, les apéros virtuels… et ces fous rires quand un enfant réclamait à dîner en apparaissant à l’écran ou quand un chat s’installait tranquillement sur le clavier.
3. Je me souviens que nous avions lancé l’un des tout premiers executive doctorates en France, il y a une quinzaine d’années – une aventure ambitieuse et pionnière.
4. Je me souviens qu’il y a 17 ans, nous ne communiquions presque pas sur notre offre de formation… Aujourd’hui, c’est devenu une de nos missions principales.
5. Je me souviens des départs de nos étudiants en développement durable pour l’Inde, dans le Karnataka. L’idée était belle, mais nous n’avions pas mesuré les 3 tonnes de CO₂ générées par étudiant.
6. Je me souviens qu’en 2008, certaines salles utilisaient encore des rétroprojecteurs. Parfois, les transparents fondaient dans la photocopieuse : un enfer.
7. Je me souviens des goodies que nous offrions à nos étudiants : polos, sacs, casquettes, parapluies… tous "made in China". Un autre temps.
8. Je me souviens que nos formations, dans les années 2010, étaient bien plus longues, et souvent très académiques.
9. Je me souviens des salles du 5e étage, couloir B, où nous avions été les premiers à installer des vidéoprojecteurs muraux. Une petite révolution devenue depuis la norme.
10. Je me souviens de cette remise de diplômes du master Négociations et Relations Sociales. Des syndicalistes facétieux m’avaient coiffé d’une casquette CGT en clin d'œil à la toge que je leur avais imposée.
11. Je me souviens d’un épisode caniculaire où une enseignante avait fait un malaise. Avec le réchauffement climatique, s’installer dans une tour climatisée à la Défense n’a plus rien d’un luxe.
12. Je me souviens de ce beau programme en Afrique sub-saharienne, où nous formions des médecins chefs de district. Nous leur envoyions des CD-ROM de formation en ligne, à une époque sans internet. L’EFMD avait salué cette initiative comme originale et adaptée.
13. Je me souviens avoir lancé la cérémonie commune des diplômés du MBA International Paris. Chaque année depuis, 250 managers issus de 8 pays reçoivent leur diplôme dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne.
14. Je me souviens de ces moments suspendus, quand les étudiants recevaient leur diplôme, les yeux brillants et les proches en larmes. Je me souviens souvent leur avoir dit de profiter de ces trop rares moments dans la vie au cours desquels ils pourraient être aussi fiers d’eux.
15. Je me souviens de cette formation dédiée aux directeurs de points de vente du funéraire. Les journalistes avaient cru qu’on allait faire défiler des croque-morts en toge dans l'Université Paris Dauphine - PSL portant des cercueils.
16. Je me souviens que, pour l’anniversaire de notre responsable administrative, nous nous étions tous habillés aux couleurs de l’arc-en-ciel. Depuis, nous avons pris l’habitude de célébrer les dizaines des uns et des autres.
17. Je me souviens de cet étudiant, embarrassé par un 12/20, qui n’osait rentrer chez lui avec une note en dessous de 18. Par indulgence, je l’avais autorisé – uniquement sur la copie – à transformer le 2 en 8, pour garder la face devant ses enfants.
18. Je me souviens que ChatGPT est arrivé parmi nous le 30 novembre 2022 et que depuis ce jour, il n’y a pas une seule journée où nous n’évoquons pas l’intelligence artificielle, et que tout ceci ne fait que commencer !
