Reconversion professionnelle, 90% des gens y pensent !

Changer radicalement de métier, tout le monde, ou presque, aujourd’hui y réfléchit à un moment ou un autre de sa vie. 30% des personnes passent à l’acte. Faut-il vraiment sauter le pas ? Et quelles sont les clés d’une reconversion réussie ? Le regard de Fabien Stut, Directeur Exécutif du cabinet de recrutement Hays.

La reconversion professionnelle

90% des gens y ont déjà pensé
30% ont sauté le pas
63% de ceux qui sont passés à l’acte se déclarent satisfaits

La reconversion n’est plus un exercice douloureux réservé aux seniors en situation de rupture professionnelle. C’est l’un des principaux enseignements de l’étude conduite par le cabinet de recrutement Hays en septembre dernier. La grande nouveauté pour Fabien Stut, son directeur ? « L’aspiration au changement touche désormais toutes les couches de la société : les femmes comme les hommes, les jeunes comme les seniors, les cadres comme les non-cadres ». Révolue l’époque où la reconversion était symptomatique de difficultés d’emploi, « il s’agit plutôt de l’expression d’un nouveau rapport au travail, incarné notamment par une génération Y animée par le principe de plaisir. » Un tiers des étudiants d’école de commerce changent ainsi radicalement de métier dans les 20 premiers mois de leur activité. La quête de sens est la première raison invoquée par les personnes interrogées. « Beaucoup de candidats aspirent à des métiers plus concrets » selon Fabien Stut, « ils ont besoin de mesurer leur contribution trop souvent diluée dans les grandes entreprises ». Autres motivations, « l’envie de se développer, de se nourrir et la recherche d’un meilleur équilibre vie professionnelle, vie privée ».

Être ou ne pas être un bon candidat à la reconversion ?

Près des deux tiers des personnes ayant sauté le pas de la reconversion se disent satisfaits. Pour autant, réussir sa mue professionnelle demande réflexion et engagement prévient Fabien Stut. « Il ne faut pas confondre frustration temporaire et désir de reconversion. Le risque, c’est de prendre ce type de décision lors d’un passage à vide alors que la capacité de jugement est altérée, mieux vaut serrer les dents et se poser les bonnes questions une fois la traversée du désert terminée ». Un travail sur soi pour bien cerner ses aspirations profondes et ses contraintes constitue donc la première étape indispensable. On peut se faire accompagner par un professionnel ou encore un ami, « l’idée est d’avoir un effet miroir, c’est difficile de se voir soi-même et de prendre suffisamment de recul pour se réinventer ». On pourra opter, tout en étant salarié, pour un bilan de compétences. par le biais du compte personnel de formation (CPF).

« Gommer tous les fantasmes »

Deuxième impératif, pour l’expert, « se faire une idée précise du métier vers lequel on souhaite s’orienter notamment pour en gommer tous les fantasmes ». Il faut interroger des professionnels du secteur, rencontrer des experts dans les écoles, rechercher des témoignages sur le web. « La plupart des passions personnelles n’ont pas vocation à devenir des métiers. C’est très différent de faire la cuisine pour des amis et en tant que restaurateur. Dernièrement, j’ai reçu un cadre d’un cabinet de conseil qui avait repris une formation de cuisinier pour réaliser, après six mois de stage chez un étoilé que son quotidien était très loin de ce qu’il avait imaginé ».

Passer en mode action

Radicale, la reconversion implique généralement aussi de passer par la case formation, celle-ci peut être financée via le compte personnel de formation (CPF), son choix doit être judicieux. « Il est nécessaire aussi d’établir un rétro-planning prenant en compte ses différentes contraintes. Le salarié ne doit pas hésiter à établir une roadmap et indiquer en face de chaque étape les dates et délais envisageables. »
Les programmes proposés en formation continue notamment permettent de répondre aux besoins de formation des adultes. Certifiants ou diplômants, spécialisés ou pluridisciplinaires, ils sont nombreux, couvrent tous les domaines et sont souvent adaptés aux projets des personnes en situation de reconversion.

Se réinventer à tous les âges ?

Oui pour Fabien Stut, « si vous faites cela jeune vous risquez de casser une dynamique de carrière mais vous pourrez rebondir plus facilement car votre niveau d’employabilité est élevé. Si vous êtes plus âgé, c’est plus difficile de tout plaquer, mais vous minorez votre risque. Une chose est sûre, dans un monde en perpétuel mouvement et hyper-connecté, le champ des possibles n’a jamais été aussi vaste. »

 

*Étude : Cabinet Hays, septembre 2018

 

A propos de l'auteur : Gaëlle Bézier, La Ruche Communication, est journaliste de presse écrite et ancienne présentatrice animatrice de télévision.

 

Publié le 24 mars 2020